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Carmilla, Sheridan Le Fanu

16 septembre 2025

 
Caractéristiques

Sheridan Le Fanu - 1850 - 150 pages
Roman fantastique gothique

Mon avis

J’ai été réellement captivée par ce récit de vampire, écrit avant le célèbre Dracula de Bram Stocker. Alors que Bram Stocker met en scène un vampire masculin violent, Sheridan Le Fanu prend le parti de présenter une femme vampire, Carmilla, pleine de sensualité et d’érotisme.

Laura, notre jeune narratrice nous fait ici le compte rendu de sa rencontre avec une femme bien secrète, Carmilla. Le récit, empreint de la naïveté de la jeune fille, est très captivant. On oscille entre l’horreur face au vampire et son attraction sensuelle et ensorcelante. Carmilla est désarmante : à la fois jeune fille pleine de langueur et en même temps menaçante et proche de la folie. 

Bien qu'on comprenne avant l'héroïne ce qu'il va se passer, cela ne gêne en rien l'histoire et la rend encore plus captivante puisqu'on ne cesse de tourner les pages pour savoir comment Laura va découvrir la vérité sur Carmilla. 

L'auteur nous propose une histoire assez érotique pour l'époque et les nombreuses illusions à la sexualité ne font que renforcer cet interdit qui plane entre les deux femmes. 

Voici donc une histoire brève mais puissante qui a su m’ensorceler.


Zoom sur... Le roman gothique

Le « roman gothique » désigne d’abord un genre apparu en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle. Suscitant la peur voire l’horreur, il a une fonction morale : il met en scène la transgression des tabous sociaux et religieux, en montre les conséquences négatives et rétablit l’ordre à la fin de son récit.

Caractéristiques :
  • Une héroïne naïve qui fait face à un danger ;
  • Un château labyrinthique et isolé où se multiplient de nombreuses apparitions surnaturelles ;
  • Atmosphère de tension et d’angoisse.
Oeuvres gothiques célèbres :
  • Le Château d’Otrante (1764) de Horace Walpole
  • Les Mystères d’Udolphe (1794) d’Ann Radcliffe
Néo-gothisme --> Ce courant s’inspire des découvertes de la médecine et de la psychologie et met en scène l’ambivalence de la science, facteur de progrès et de destruction :
  • L’étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson
  • Le portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde
  • Dracula (1897) de Bram Stoker.

La trilogie de Fleurville, La Comtesse de Ségur

02 avril 2025



De cette trilogie, je ne connaissais que les Malheurs de Sophie et j'ai été agréablement surprise par les autres tomes qui donnent plus de profondeur au personnage de Sophie. 

Des personnages modèles

Lorsque la Comtesse de Ségur écrit ces histoires, elle les destine d'abord à ses petits-enfants. C'est un moyen de leur offrir des personnages au comportement modèle, qui ne cessent de s'améliorer malgré leurs bêtises. Ce sont des modèles à suivre qu'elle nous offre, à travers les portraits de ces enfants modèles. L'accent est mis sur l'éducation et sur la discipline, avec de jeunes enfants qui donnent le meilleur d'eux-mêmes, et qui sont emplis de bonnes volontés. Si on s'arrête au premier tome, on peut être déroutés par le nombre de bêtises que fait Sophie, sans que son comportement change. Cependant, les autres tomes nous montre une Sophie qui va grandir, apprendre de ses erreurs et essayer de devenir meilleure à l'image de ses amies. 

De belles amitiés

Ce que j'ai beaucoup aimé dans cette histoire, ce sont les amitiés entre les jeunes enfants. Malgré leurs disputes et leurs peines, ils n'hésitent pas à se pardonner et ils s'expriment très bien, de sorte que les jeunes lecteurs auront envie de leur ressembler. Que ce soit les amitiés entre Paul et Sophie, entre Camille, Madeleine et Marguerite, ou encore avec leurs cousins, chacun des enfants a le mérite de défendre ses idées mais sans chercher à blesser les autres. La religion a une part importante dans les romans et sert à prôner des valeurs de tolérance, de charité et de respect. Bien sûr, les relations sont assez idéalisées mais cela ne m'a pas empêchée d'adhérer aux valeurs présentes. 

Des histoires qui font voyager

La Comtesse de Ségur fait en sorte de nous faire voyager à travers ses histoires. On y retrouve des histoires de naufrages, mais aussi de "sauvage" qui font référence aux peuples lointains et inconnus. A cette époque où le colonialisme est important, les "sauvages" sont dépeints comme des êtres inférieurs et l'autrice fait ici preuve de tolérance et de bienveillance en dressant un portrait flatteur et captivant de ces peuples. J'ai été totalement captivée par l'histoire du naufrage de Sophie. L'autrice parvient à nous faire ressentir une foule d'émotions, notamment à travers les réactions des enfants. 

En bref, ça a été une excellente découverte et je suis heureuse d'avoir poursuivi ma lecture au delà du tome 1. J'ai beaucoup aimé également le regard très bienveillant mais ferme que la Comtesse propose en terme de discipline et d'éducation. J'ai hâte de relire cette histoire avec mon enfant et d'échanger avec lui.   

Croc-Blanc, Jack London

31 mars 2025

 

La nature sauvage du Wild

L'histoire raconte les aventures de Croc-Blanc, un jeune loup qui vit dans la nature sauvage et hostile du Grand Nord canadien. A l'époque de la ruée vers l'or du Klondike, cette partie du Canada est sujet à toutes les convoitises. 
Nous suivons la vie de Croc-Blanc, de sa naissance à sa rencontre avec les hommes. J'ai beaucoup aimé les descriptions de cette nature impitoyable qui va dessiner le caractère cruel et sauvage du jeune loup. 

Lutter contre ses instincts

Croc-Blanc va devoir lutter contre ses instincts primaires afin d'apprendre à faire confiance aux hommes, ses "Dieux". C'est vraiment original de suivre les pensées du loup qui font preuve d'une grande maturité. Croc-Blanc observe et enregistre tout ce qu'il voit. Il cerne les hommes et apprend à ses dépens ce qu'il convient de faire. Le roman met en avant la relation homme et animal à travers différents portraits d'hommes, du plus cruel et plus juste. 

L'animal face à l'homme

Croc-Blanc va apprendre à se fier aux hommes. Passant de Beauty-Smith, un homme de la pire espèce, à Weeden Scott, un maître qui va se montrer juste, il va rencontrer une multitude de personnes qui vont forger son caractère. Jack London dresse le portrait d'hommes différents, aussi bons que mauvais, et fait ainsi la critique d'une société avide et parfois sans scrupule.  Le récit est à la fois une aventure palpitante et une réflexion profonde sur la lutte pour la survie et l'adaptation. 

Le roman retrace donc la vie de Croc-Blanc, de sa naissance à sa domestication. J'ai beaucoup aimé sa résilience, sa soif de découvrir ce qui l'entoure et sa fidélité.